Médecine: les hallucination de l'IA ne sont pas des mirages: on fait le point sur ce que c'est, comment les déceler et qu'elles en sont les conséquences en termes de santé publique et de responsabilité médicale.

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Les hallucinations de l’IA en médecine : enjeux et conséquences sociétales et juridiques.  1
Introduction    1
I : les hallucinations de l’IA médicale ne sont pas des mirages    2
A.      Exemples les plus frappants d’hallucinations d’IA dans le domaine médical  2
B.      Méthodes efficaces pour détecter les hallucinations d’IA en médecine   3
II) Les conséquences en termes de contrat social et de responsabilité institutionnelle ou individuelle des hallucinations des IA dans le domaine médical.  5
A.      Comment les hallucinations d'IA affectent-elles la confiance des patients dans les systèmes de santé   6
B.      Conséquences juridiques des hallucinations de l’IA en santé   7
C.      Défis et perspectives pour conclure   8

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Les hallucinations de l’IA en médecine : enjeux et conséquences sociétales et juridiques.


Introduction


L’intelligence artificielle (IA) s’impose de plus en plus dans le secteur médical, promettant rapidité, précision et efficacité dans l’analyse des données et la prise de décision. Pourtant, l’IA n’est pas exempte d’erreurs : elle peut générer des « hallucinations », c’est-à-dire produire des résultats inexacts ou inventés. Ce phénomène soulève des questions majeures, notamment sur le plan juridique et pénal, quant à la responsabilité des professionnels de santé, des concepteurs d’IA et des établissements de soins.
Comprendre les hallucinations de l’IA en médecine
Les hallucinations de l’IA, ou confabulations, désignent la production de réponses erronées ou fictives par des modèles linguistiques ou des systèmes d’aide à la décision. Ces erreurs surviennent lorsque l’algorithme génère des résultats qui ne sont pas fondés sur ses données d’entraînement, qui sont mal interprétés ou qui ne suivent aucun schéma identifiable. Autrement dit, l’IA « élabore » une réponse qui apparaît comme fausse pour l’utilisateur humain.
Des études récentes montrent que les chatbots IA présentent des hallucinations dans 3 % à 27 % des cas lors de tâches simples telles que la synthèse d’informations, avec des taux variables selon le modèle et le développeur. Malgré les efforts de sociétés comme OpenAI ou Google pour limiter ces erreurs, les systèmes d’IA continuent de générer des résultats inattendus, voire absurdes.
Dans le domaine du soin, les conséquences peuvent être graves. Par exemple, un système d’IA a, dans 12 % des cas, signalé à tort des nodules bénins comme malins, conduisant à des interventions chirurgicales inutiles.
Après avoir donné des exemples sur les hallucinations répertoriées,  nous aborderons des exemples de méthodes pour les détecter avant de présenter, sans épuiser le sujet,  quelques conséquences sur le système de santé publique et sur le plan juridique de la responsabilité médicale.

I : les hallucinations de l’IA médicale ne sont pas des mirages


  1. Exemples les plus frappants d’hallucinations d’IA dans le domaine médical

Les hallucinations d’IA en médecine désignent des situations où un modèle d’intelligence artificielle génère des informations médicales fausses, trompeuses ou inventées, souvent avec une grande assurance. Ces erreurs peuvent avoir un impact direct sur la sécurité des patients et la qualité des soins. Voici les exemples les plus frappants documentés dans la littérature récente :
1. Diagnostics erronés et recommandations cliniques dangereuses
  • Des modèles d’IA ont déjà signalé à tort des nodules bénins comme malins dans 12 % des cas, entraînant des interventions chirurgicales inutilesAncre.
  • Des chatbots médicaux peuvent générer des diagnostics ou des plans thérapeutiques incorrects, en s’appuyant sur des corrélations fallacieuses ou des données inventées, ce qui peut induire en erreur les professionnels de santéAncre.

2. Invention de faits médicaux et de références scientifiques
  • L’IA peut inventer des concepts médicaux inexistants ou des références bibliographiques fictives, en les présentant comme authentiques. Par exemple, elle peut citer des études ou des articles médicaux qui n’existent pas, ou attribuer des découvertes à des chercheurs fictifsAncreAncre.
  • Dans une étude, des modèles de langage ont produit des réponses médicales contenant des sources inventées, rendant la vérification difficile pour les cliniciens non expertsAncreAncre.

3. Mauvaise interprétation de résultats médicaux
  • Des IA ont été observées confondant des images médicales, par exemple en interprétant une radiographie normale comme pathologique, ou l’inverse, à cause de biais dans les données d’entraînement ou d’une mauvaise généralisation du modèleAncre.
  • Des erreurs similaires ont été rapportées dans l’interprétation de résultats de laboratoire ou de comptes-rendus opératoires, avec des conséquences potentielles graves pour le patientAncre.

4. Réponses faussement positives ou négatives
  • L’IA peut signaler comme pathologique un résultat normal (faux positif) ou ignorer une anomalie réelle (faux négatif), compromettant ainsi la prise en charge médicaleAncre[1].

5. Présentation trompeuse et assurance excessive
  • L’un des aspects les plus dangereux des hallucinations d’IA est la présentation de réponses fausses avec une assurance trompeuse, rendant leur détection difficile sans expertise humaineAncre. Cela peut conduire les professionnels à accorder une confiance excessive aux recommandations générées.

6. Incidents documentés dans la pratique médicale
  • Une étude internationale impliquant des cliniciens a recensé des cas d’hallucinations dans des tâches spécialisées telles que le diagnostic, la planification thérapeutique et l’interprétation de résultats, avec des impacts directs sur les soins aux patientsAncre.
  • Des analyses de dossiers médicaux réels ont permis d’identifier des taux d’hallucinations allant de 3 % à 27 % selon la tâche et le modèle utilisé, même pour des synthèses d’informations simplesAncreAncre.

Ces exemples illustrent la nécessité d’une vigilance accrue et d’une supervision humaine dans l’utilisation de l’IA en médecine, ainsi que le développement de cadres réglementaires et techniques pour limiter les risques associés à ces hallucinationsAncreAncre.

  1. Méthodes efficaces pour détecter les hallucinations d’IA en médecine

Les hallucinations des systèmes d’IA en médecine, caractérisées par des réponses inexactes ou inventées, nécessitent des stratégies de détection robustes pour garantir la sécurité des patients. Voici les approches les plus prometteuses identifiées par les recherches récentes :

1. Estimateurs d’incertitude basés sur l’entropie
Des chercheurs de l’Université d’Oxford ont développé une méthode innovante utilisant des mesures d’entropie pour évaluer l’incertitude des modèles de langage (LLM). Cette approche identifie les « confabulations » (réponses arbitrairement fausses) en analysant la cohérence sémantique des sorties, sans nécessiter de données préalables spécifiques. Elle améliore la fiabilité des diagnostics automatisés en médecine[1].
2. Génération augmentée par récupération (RAG)
La technique RAG combine la génération de l’IA avec un accès en temps réel à des bases de données médicales vérifiées (études, guides cliniques). Cela permet de réduire les hallucinations en ancrant les réponses dans des sources fiables. Selon une analyse, le RAG a contribué à une réduction de 96 % des erreurs entre 2021 et 2025.
3. Supervision humaine et révision experte
Aucun système automatisé ne remplace entièrement l’expertise clinique. Une étude impliquant 25 experts internationaux recommande un processus de validation en trois étapes pour les contenus médicaux générés par l’IA :
  • Vérification croisée avec des sources primaires (dossiers patients, littérature scientifique).
  • Annotation des sorties par des médecins, comme dans le cadre du projet Medical Hallucinations in Foundation Models.
  • Intégration de protocoles de révision systématique dans les workflows cliniques.

4. Modèles de détection spécialisés
Des solutions comme Pythia surveillent en temps réel les sorties des LLM pour identifier les incohérences ou les écarts par rapport aux données d’entraînement. Ces outils alertent les utilisateurs lorsque le modèle produit des informations non étayées, comme des posologies erronées ou des diagnostics invérifiables.
5. Étalonnage avec des données médicales annotées
L’étalonnage des modèles à l’aide de jeux de données spécialisés (p. ex., dossiers du New England Journal of Medicine) permet de mesurer les taux d’hallucinations dans des contextes réels. Par exemple, une taxonomie développée par des chercheurs classe les erreurs selon leur impact clinique, facilitant leur détection.

6. Prompt engineering et ajustement de paramètres
Optimiser les instructions données à l’IA (prompt engineering) et régler des paramètres comme la « température » (contrôlant la créativité du modèle) réduit les risques d’hallucinations. Des prompts explicites (p. ex., « Citez uniquement des études peer-reviewed ») améliorent la précision.

7. Efficacité comparée des méthodes
MéthodeTaux d’hallucination résiduelAvantages
RAG + supervision humaine0,7 % (Gemini-2.0-Flash-001)Intègre sources externes et expertise
Estimateurs d’entropie1,2 %Détection sans données préalables
Modèles spécialisés1,5 % (GPT-4o)Surveillance en temps réel


8. . Enjeux persistants et recommandations
  • Transparence des modèles : Les boîtes noires algorithmiques compliquent la traçabilité des erreurs.
  • Formation des cliniciens : Seuls 58,7 % des médecins savent identifier les hallucinations d’IA, selon une enquêteAncre.
  • Cadres réglementaires : L’absence de normes claires sur la responsabilité (concepteur vs praticien) freine l’adoption sécuriséeAncre   .
Ces méthodes, combinées à une gouvernance éthique, sont essentielles pour exploiter le potentiel de l’IA tout en protégeant les patients et les professionnels de santé.

II) Les conséquences en termes de contrat social et de responsabilité institutionnelle ou individuelle des hallucinations des IA dans le domaine médical.


  1. Comment les hallucinations d'IA affectent-elles la confiance des patients dans les systèmes de santé

Les hallucinations de l’IA en médecine affectent significativement la confiance des patients dans les systèmes de santé, en raison de plusieurs mécanismes clés identifiés dans les recherches récentes :

1. Erreurs de diagnostic et risques pour la sécurité des patients
Les hallucinations d’IA, comme des diagnostics erronés ou des recommandations thérapeutiques inexactes, compromettent directement la sécurité des patients. Par exemple, des systèmes d’IA ont incorrectement classé des nodules bénins comme malins dans 12 % des cas, conduisant à des interventions chirurgicales inutiles[1]. Ces erreurs, perçues comme des défaillances systémiques, érodent la confiance dans l’exactitude des outils technologiques et, par extension, dans les établissements qui les utilisent.

2. Assurance trompeuse des réponses de l’IA

Les modèles d’IA génèrent souvent des réponses faussement précises, présentées avec un niveau de confiance élevé. Cette assurance peut induire en erreur à la fois les professionnels de santé et les patients, comme le souligne une étude impliquant des cliniciens internationaux[2]. Lorsqu’un patient découvre qu’une décision médicale était basée sur une hallucination, la crédibilité perçue du système de santé s’en trouve affaiblie.

3. Impact sur la relation médecin-patient

L’introduction de l’IA comme intermédiaire dans la relation médecin-patient peut créer une distance émotionnelle et cognitive, inhibant le développement de la confiance mutuelle[3]. Les patients peuvent se sentir déshumanisés si les décisions cliniques semblent dictées par une machine plutôt que par l’expertise humaine, surtout en cas d’erreur attribuable à l’IA.

4. Utilisation directe de l’IA par les patients

Les outils d’IA accessibles au public, comme les chatbots médicaux, exposent les patients à des informations hallucinées non filtrées. Par exemple, un chatbot pourrait inventer des symptômes ou des traitements, conduisant à une automédication risquée ou à une anxiété injustifiée[4][5]. Ces expériences négatives renforcent la méfiance envers l’ensemble du système de santé.

5. Médiatisation des échecs de l’IA

Des incidents très médiatisés, comme les fausses déclarations de Google Bard sur des découvertes scientifiquesAncre[6], influencent la perception publique. Les patients, conscients de ces risques, peuvent remettre en question la fiabilité globale des technologies médicales, même lorsque celles-ci sont supervisées par des professionnels.

6. Défis éthiques et réglementaires

L’absence de cadre clair pour la responsabilité en cas d’hallucinations (développeur, praticien ou établissement) alimente l’incertitude. Une enquête menée auprès de cliniciens révèle que 58,7 % d’entre eux font confiance à l’IA pour le diagnosticAncre[7], mais cette statistique masque les craintes des patients quant aux lacunes réglementairesAncre[8]
7. Conséquences sur la confiance
  • Doute accru : Les patients peuvent exiger des secondes opinions humaines systématiques, ralentissant les processus de soins.
  • Réticence à l’innovation : La peur des erreurs d’IA pourrait freiner l’adoption de technologies pourtant bénéfiques, comme l’analyse prédictive de maladies.
  • Fragilisation du lien de confiance : Une étude souligne que 66,6 % des professionnels jugent l’IA utile pour la prise en chargeAncre[7], mais ce chiffre ne reflète pas nécessairement l’opinion des patients, souvent moins informés des limites techniques.

Pour atténuer ces effets, les experts recommandent une transparence accrue sur le rôle de l’IA, une formation des patients à ses limites, et un renforcement des régulations pour clarifier les responsabilités[2]Ancre[8]. Sans ces mesures, les hallucinations risquent de devenir un obstacle majeur à l’intégration harmonieuse de l’IA en santé.

  1. Conséquences juridiques des hallucinations de l’IA en santé
L’utilisation d’une IA qui « hallucine » pose d’importants défis juridiques, notamment en matière de responsabilité civile et pénale.

  1. Responsabilité civile
Sur le plan civil, la question centrale est celle de la faute. Si un professionnel de santé s’appuie sur une recommandation erronée générée par l’IA et cause un dommage au patient, il pourrait voir sa responsabilité engagée pour faute, sauf à démontrer qu’il a fait preuve de vigilance et d’esprit critique face à la suggestion de l’outil. La responsabilité du concepteur de l’IA pourrait également être recherchée en cas de défaut du logiciel ou d’insuffisance dans la gestion des risques d’hallucination.

  1. Responsabilité pénale
Sur le plan pénal, les enjeux sont encore plus sensibles. En cas de dommage corporel ou de décès consécutif à une décision médicale guidée par une IA hallucinante, plusieurs qualifications pénales pourraient être envisagées :
  • Homicide ou blessures involontaires : Si le professionnel de santé a commis une imprudence en suivant aveuglément la recommandation de l’IA, il pourrait être poursuivi pour homicide ou blessures involontaires.
  • Mise en danger de la vie d’autrui : L’utilisation d’un système d’IA connu pour ses taux d’erreur élevés, sans information claire au patient ou sans vérification humaine, pourrait être considérée comme une prise de risque injustifiée.
  • Responsabilité des concepteurs et des établissements : Les développeurs d’IA et les établissements de santé pourraient également voir leur responsabilité pénale engagée en cas de défaut de vigilance dans la conception, la validation ou l’intégration de l’outil dans la pratique clinique.
  1. Défis et perspectives pour conclure


L’IA, en générant des hallucinations, met en lumière la nécessité d’un encadrement juridique renforcé et d’une vigilance accrue des professionnels de santé. Si certains chercheurs estiment que ces aberrations peuvent parfois stimuler la créativité scientifique, leur impact sur la sécurité des patients et la responsabilité des acteurs du soin ne peut être négligé.
La traçabilité des décisions, la formation des professionnels à l’usage critique de l’IA et la transparence sur les limites des outils sont autant de leviers pour limiter les risques juridiques et pénaux liés aux hallucinations de l’IA en médecine.
Les hallucinations de l’IA en médecine illustrent la frontière ténue entre innovation et risque. Si l’IA ouvre de nouvelles perspectives, elle impose aussi une réflexion profonde sur la responsabilité, la sécurité et l’éthique dans le soin. Le droit, en particulier le droit pénal, devra s’adapter pour garantir la protection des patients sans freiner l’élan créatif et scientifique que l’IA peut offrir.

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