
Le consentement des mineurs en matière de sexualité
Quelques questions posées dans le cadre de consultations et dossiers du cabinet d'avocat de Me Muriel BODIN
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enfants mineurs et consentement à l'acte sexuel: une éducation à faire et celle des majeurs à parfaire!
Consentement du mineur dans la sexualité : enjeux, lois et limites
La question du consentement des mineurs dans la sexualité est au cœur des préoccupations éducatives, juridiques et sociétales actuelles en France. Alors que les violences sexuelles sur mineurs restent un fléau majeur – avec au moins 160 000 enfants victimes chaque année et une forte augmentation des signalements
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Qu’est-ce que le consentement sexuel chez le mineur ?
Le consentement, dans le cadre sexuel, signifie donner un accord libre, éclairé, enthousiaste et révocable à une activité intime. Il ne peut être obtenu sous la contrainte, la menace, la manipulation, ou si la personne n’a pas la capacité mentale ou physique de le donner (sous l’emprise de substances, inconscient, etc.)
. Pour les mineurs, la loi française fixe des limites très claires :
Toute relation sexuelle entre un majeur et un mineur de moins de 15 ans est automatiquement considérée comme un viol, même si l’enfant déclare être consentant. Il n’est donc plus nécessaire de prouver la contrainte ou la violence
En cas d’inceste, ce seuil est porté à 18 ans
Entre mineurs, la loi ne pose pas d’interdiction stricte, mais tout acte commis avec violence, contrainte, menace ou surprise est qualifié d’agression sexuelle
L’éducation au consentement : une réponse suffisante ?
Le programme EVARS, qui doit s’appliquer à tous les élèves du primaire au lycée, fait du consentement la compétence centrale à acquérir, dès la maternelle et tout au long de la scolarité. Les élèves apprennent à reconnaître leurs limites, à exprimer un « oui » ou un « non » clair, et à identifier les situations de danger ou de vulnérabilité, y compris face à la pornographie, aux stéréotypes et à l’emprise psychologique
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Cependant, plusieurs experts et professionnels soulignent les limites de cette approche. Le consentement, notion complexe même pour les adultes, ne peut suffire à protéger les enfants des violences sexuelles, car un mineur n’a pas la maturité ou le recul nécessaire pour donner un accord réellement éclairé, surtout face à un adulte ou dans un contexte d’emprise. La loi reconnaît d’ailleurs l’incapacité structurelle de l’enfant à consentir à un acte sexuel avec un adulte, même s’il semble l’accepter ou le demander.
Pourquoi aller au-delà du consentement ?
Focaliser l’éducation sexuelle sur le seul consentement risque de masquer l’importance fondamentale de l’interdit : il existe des comportements strictement prohibés, même avec un adulte de confiance, et la responsabilité incombe toujours à l’adulte, jamais à l’enfant. Les prédateurs exploitent souvent la naïveté, la confiance ou le désir d’indépendance des jeunes pour obtenir un pseudo-consentement. Beaucoup de victimes, manipulées, se sentent ensuite coupables ou illégitimes à porter plainte
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Les enjeux pour l’avenir
Renforcer la prévention : L’éducation au consentement doit s’accompagner d’une pédagogie sur les interdits, les risques, et les ressources d’aide disponibles
Adapter le discours : Il est essentiel de clarifier que le consentement d’un mineur n’a pas de valeur juridique face à un adulte, et que l’enfant n’est jamais responsable des violences subies
Inclure tous les publics : Les élèves en situation de handicap, plus exposés aux violences sexuelles, doivent bénéficier d’une attention particulière
« Faire du consentement la clé de l’éducation à la sexualité pourrait bien être un leurre qui, loin de protéger les enfants, les expose aux violences dont l’éducation au consentement prétend les préserver »
En résumé : Le consentement du mineur dans la sexualité est une notion centrale mais insuffisante pour assurer sa protection. La loi française interdit strictement toute relation sexuelle entre un adulte et un mineur de moins de 15 ans, même en cas de prétendu consentement. L’éducation à la sexualité doit donc conjuguer apprentissage du consentement, pédagogie de l’interdit et accompagnement des jeunes vers l’affirmation de leurs droits et de leur sécurité
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Pour aller plus loin sur le consentement du mineur, la prévention des violences sexuelles et les évolutions législatives, consultez les ressources officielles du ministère de l’Éducation nationale, de l’UNICEF et des associations spécialisées.
Le consentement des mineurs dans les relations sexuelles entre mineurs
Cadre légal et absence d’interdiction explicite
En France, la loi ne pose pas d’interdiction générale sur les relations sexuelles entre mineurs, même en dessous de 15 ans, tant qu’il n’y a ni violence, ni contrainte, ni menace, ni surprise. La loi vise avant tout à protéger les mineurs contre les abus de la part des adultes, en fixant à 15 ans l’âge en dessous duquel un mineur ne peut consentir à une relation sexuelle avec un adulte, et à 18 ans en cas d’inceste[1]
[2]
[3]
[4]. Entre mineurs, la sexualité n’est donc pas explicitement encadrée par la loi : elle n’est ni autorisée ni interdite en soi, sauf en cas de violence ou de contrainte
[1]
[3]
[4].
La notion de consentement entre mineurs
Le consentement est aujourd’hui mis en avant dans l’éducation à la sexualité à l’école, comme compétence à acquérir dès la maternelle. L’idée est de protéger les enfants des violences sexuelles en les sensibilisant à la nécessité d’un accord mutuel et explicite. Cependant, ce choix fait débat : la notion de consentement, centrale pour les adultes, est beaucoup plus complexe à appliquer aux enfants et adolescents[5]
[6].
Pour qu’un consentement soit valable, il doit être libre et éclairé, c’est-à-dire que la personne doit être informée et capable de comprendre les enjeux et conséquences de ses actes. Or, chez les mineurs, cette capacité est limitée par leur maturité affective et psychique, leur compréhension du corps, des émotions, des risques (grossesse, IST, conséquences psychologiques), et leur vulnérabilité aux pressions du groupe ou aux normes sociales[5]
[6].
Des spécialistes soulignent que de nombreux enfants et adolescents ne disposent pas encore des repères nécessaires pour donner un véritable consentement : ils peuvent céder à la pression du groupe, à la peur de l’exclusion, ou à la volonté de faire plaisir, sans être réellement prêts ou informés[5]
[6]. L’exposition précoce à la pornographie ou à des contenus sexualisés peut aussi brouiller leur compréhension du consentement et banaliser des comportements inadaptés
[5].
Limites et risques de la focalisation sur le consentement
La focalisation sur le consentement dans l’éducation à la sexualité comporte des risques : elle peut donner l’illusion aux mineurs qu’ils sont pleinement capables de consentir à des actes sexuels, alors que leur développement ne leur permet pas toujours de mesurer les conséquences de leurs choix. De plus, cette approche tend à minimiser l’importance de l’interdit et de la protection, qui devraient rester des repères fondamentaux pour les enfants et adolescents[6]
[5].
En pratique, la loi n’intervient entre mineurs que si l’un des protagonistes impose un acte sexuel par violence, contrainte, menace ou surprise. En dehors de ces cas, la sexualité entre mineurs reste une zone grise, où la notion de consentement, bien que valorisée, n’apporte pas toutes les garanties de protection nécessaires[1]
[3]
[4].
Conclusion
Le consentement entre mineurs dans les relations sexuelles est une notion complexe, insuffisante à elle seule pour garantir la protection des plus jeunes. Si l’éducation au consentement est essentielle, elle doit s’accompagner d’une réflexion sur la maturité, la vulnérabilité et la nécessité de repères clairs, afin d’éviter que des enfants ou adolescents ne se retrouvent exposés à des situations pour lesquelles ils ne sont pas prêts[6]
[5]
[4].
https://www.gironde.gouv.fr/contenu/telechargement/33308/236542/file/ARPS+SEXE&LOI.pdf
https://www.justice.gouv.fr/actualites/actualite/delits-crimes-sexuels-inceste-mineurs-mieux-proteges
https://www.planning-familial.org/fr/majorite-sexuelle-quelle-majorite-sexuelle-446
https://www.lecrips-idf.net/sexualite-loi-france
https://www.village-justice.com/articles/notion-consentement-des-mineurs-dans-education-sexualite,53103.html
https://ppl-ai-file-upload.s3.amazonaws.com/web/direct-files/attachments/56407221/2d2e51cb-9457-48b3-b140-c9b3820bd59e/paste.txt
Différence de traitement entre un mineur de moins de 15 ans et un mineur de 15 à 18 ans
Âge du mineur | Relations sexuelles avec un majeur (18 ans et +) | Relations sexuelles entre mineurs |
Moins de 15 ans | Strictement interdit, même avec consentement. Toute relation sexuelle entre un majeur et un mineur de moins de 15 ans est considérée comme un crime (viol ou atteinte sexuelle), sans que la question du consentement ne se pose. Le majeur est systématiquement poursuivi et encourt de lourdes peines de prison[1][2][3][4][5]. | Non explicitement interdites par la loi si elles sont consenties et qu'il n'y a ni violence, ni contrainte, ni menace, ni surprise. L'autorité parentale peut toutefois s’y opposer. |
15 à 18 ans | Autorisées si le mineur est consentant, sauf si le majeur est un ascendant (parent, grand-parent, etc.) ou une personne ayant autorité sur le mineur (professeur, éducateur, etc.), auquel cas c’est interdit et puni par la loi[2][3][4][5]. | Autorisées si elles sont consenties. La loi considère qu’à partir de 15 ans, le mineur est capable de donner un consentement éclairé à une relation sexuelle[4][5]. |
Points clés
- Seuil de 15 ans : En dessous de 15 ans, un mineur ne peut jamais être considéré comme consentant à une relation sexuelle avec un adulte. Toute relation sexuelle dans ce cas est un crime, même si l’enfant dit être d’accord
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[5].
- Entre mineurs : Les relations sexuelles entre mineurs de moins de 15 ans ne sont pas explicitement interdites si elles sont consenties et sans violence, mais restent sous la vigilance de l’autorité parentale
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[3]
[4].
- De 15 à 18 ans : Un mineur de plus de 15 ans peut avoir des relations sexuelles avec un adulte, sauf si ce dernier est en position d’autorité ou de famille proche, auquel cas la loi protège le mineur contre les abus
[2]
[3]
[4]
[5].
- Inceste : En cas d’inceste, le seuil d’âge est relevé à 18 ans : toute relation sexuelle entre un adulte et un mineur de moins de 18 ans ayant un lien familial est un crime
[1]
[6].
https://www.justice.gouv.fr/actualites/actualite/delits-crimes-sexuels-inceste-mineurs-mieux-proteges
https://www.gironde.gouv.fr/contenu/telechargement/33308/236542/file/ARPS+SEXE&LOI.pdf
https://www.planning-familial.org/fr/majorite-sexuelle-quelle-majorite-sexuelle-446
https://www.lecrips-idf.net/sexualite-loi-france
https://www.village-justice.com/articles/partir-quel-age-peut-consentir-rapport-sexuel,38236.html
https://www.carenews.com/cameleon-association/news/la-france-instaure-un-age-minimal-de-consentement-a-15-ans
Comment la loi différencie-t-elle entre viol et autres agressions sexuelles concernant les mineurs
La loi française distingue clairement le viol des autres agressions sexuelles concernant les mineurs, en fonction de la nature de l’acte, de l’âge de la victime et de la présence ou non de violence, contrainte, menace ou surprise.Définition du viol sur mineur
- Le viol est défini comme tout acte de pénétration sexuelle (quelle qu’en soit la nature, y compris bucco-génital) commis sur la personne d’autrui ou sur l’auteur lui-même, par violence, contrainte, menace ou surprise
[1]
[2]
[3].
- Pour un mineur de moins de 15 ans, toute relation sexuelle impliquant une pénétration entre un majeur et un mineur est automatiquement qualifiée de viol, même si l’enfant est « consentant ». Il n’est donc plus nécessaire de prouver la contrainte, la violence, la menace ou la surprise : la différence d’âge (au moins 5 ans) suffit à établir l’absence de consentement
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[5]
[6].
- Le viol incestueux est spécifiquement reconnu lorsque l’auteur est un membre de la famille (ascendant, frère, sœur, etc.), et il est puni plus sévèrement
[1]
[5]
[7].
- L’agression sexuelle désigne tout acte sexuel (hors pénétration) commis avec violence, contrainte, menace ou surprise (par exemple, attouchements, caresses, baisers imposés)
[4]
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[3].
- Sur un mineur de moins de 15 ans, l’agression sexuelle est punie plus sévèrement, et la loi prévoit aussi que certains actes commis sans violence, contrainte, menace ou surprise peuvent être réprimés du fait de l’âge de la victime et de la différence d’âge avec l’auteur
[8]
[7].
- L’atteinte sexuelle est une infraction spécifique qui concerne les actes sexuels, y compris consentis, entre un majeur et un mineur de moins de 15 ans, sans violence, contrainte, menace ni surprise. Ce délit est constitué même si le mineur était consentant ; s’il ne l’était pas, il s’agit alors d’agression sexuelle ou de viol selon la nature de l’acte
[3]
[6].
Infraction | Acte en cause | Condition aggravante (mineur < 15 ans) | Preuve requise | Peine principale |
Viol | Pénétration sexuelle | Différence d’âge ≥ 5 ans avec un majeur | Plus besoin de prouver violence, etc. | 20 ans de réclusion criminelle |
Agression sexuelle | Acte sexuel sans pénétration | Violence, contrainte, menace ou surprise, ou différence d’âge | Violence, contrainte, menace ou surprise, ou différence d’âge | 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende |
Atteinte sexuelle | Acte sexuel sans violence | Acte commis par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans | Consentement du mineur indifférent | 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende |
Points essentiels
- Pour les mineurs de moins de 15 ans, la loi présume l’absence de consentement pour tout acte de pénétration commis par un majeur (différence d’âge ≥ 5 ans), ce qui qualifie automatiquement l’acte de viol
[4]
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[5]
[6].
- Pour les autres agressions sexuelles (sans pénétration), la présence de violence, contrainte, menace ou surprise reste exigée, mais la loi prévoit aussi des cas où la seule différence d’âge suffit à caractériser l’infraction
[8]
[7].
- L’atteinte sexuelle vise les actes sexuels sans violence, commis par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans, même avec le consentement apparent de ce dernier
[3]
[6].
https://www.avocat-rouaselbazis.com/viol--agression-sexuelle--atteinte-sexuelle---quelles-differences-_ad325.html
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006165281/
https://www.stop-abus.fr/articles/97174-quelles-differences-entre-atteinte-sexuelle-agression-sexuelle-et-viol
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2274
https://www.village-justice.com/articles/viols-sur-mineurs-que-change-loi-avril-2021,39316.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Atteinte_sexuelle_sur_mineur_en_droit_français
https://fr.wikipedia.org/wiki/Agression_sexuelle_en_droit_pénal_français
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